Des nouvelles de notre groupe après notre réunion du 16 décembre dernier, pour celles et ceux qui n’ont pas pu se joindre à nous et pour les autres quakers en France.
La semaine dernière, nous nous retrouvions à la Frat’ pour notre rencontre d’hiver. Une bonne vingtaine de personnes, dont quatre enfants et deux bébés répondaient présents à l’appel — moins qu’à notre rencontre de septembre, mais il est vrai que le mauvais temps, les virus « de saison » et les préparatifs à l’approche des fêtes compliquent un peu la vie des familles en cette période de l’année… Après le culte, le repas partagé nous a permis de faire connaissance avec Youssef, venu découvrir le quakerisme, et de déguster, entre autres bonnes choses, un clafoutis aux cerises du jardin (merci Céline !) et des cookies aux pépites de chocolat (merci Cara !).
Le début de l’après-midi a été consacré à une réflexion sur le système carcéral, thème cher aux quakers depuis les débuts du mouvement. Jacques et Yann, fidèles sympathisants de notre groupe, ont offert à notre réflexion deux présentations qui se répondaient parfaitement : Jacques, aumônier des prisons pour l’Église protestante unie de Nantes, nous a offert un témoignage de première main sur son expérience en prison, auprès des prisonniers (photo ci-dessus) ; en écho, Yann a passé en revue pour nous les principales étapes de l’histoire de l’action quaker en faveur des conditions de vie des prisonniers et, plus largement, de la réforme du système pénal.
Jacques, aumônier des prisons depuis 2010, a ainsi tracé les contours d’une action qui oscille entre animation cultuelle et relation d’aide. Le rôle d’un aumônier est de répondre aux attentes spirituelles des personnes qui ne sont pas en mesure de fréquenter un lieu de culte : personnes hospitalisées, militaires sous les drapeaux, prisonniers. Jacques est ainsi amené à animer des cultes et des ateliers bibliques — parfois un défi face à ce public ! —, mais aussi à effectuer des visites individuelles en cellule, pour prier ou simplement échanger sur des sujets plus ou moins profanes. Malgré sa proximité avec les prisonniers — les aumôniers sont les seules personnes extérieures à l’administration pénitentiaires autorisées à circuler librement dans les établissements — et la relation de confiance qui se noue avec eux, Jacques nous rappelle que l’aumônier n’est ni un psychologue, ni un travailleur social, bien qu’il travaille souvent aux confins de ces deux fonctions ; dans le cas des prisons, il doit ainsi veiller à ne pas empiéter sur le travail du service pénitentiaire d’insertion et de probation.
Yann prend ensuite la parole pour nous parler de l’action quaker dans les prisons. Il nous rappelle que l’intérêt des quakers pour la cause des prisonniers émerge dès les débuts du mouvement, de nombreux Amis des premiers temps ayant eux-mêmes fait l’expérience de l’incarcération en raison de leurs prises de positions perçues comme menaçant l’Église (anglicane) et la Couronne (britannique). Parmi les revendications de ces premiers Amis — dont certaines sont encore cruellement contemporaines — : des cellules individuelles, une conception de la prison comme lieu de réhabilitation, l’instruction, la formation professionnelle et le travail en prison, et le traitement des maladies mentales dans des institutions séparées. Yann évoque ensuite longuement les figures d’Elizabeth Fry (1780–1845) et de William Penn (1644–1718) qui, chacun à leur époque, ont œuvré pour un système pénal et carcéral plus juste. Il termine en évoquant l’action des Amis d’aujourd’hui, des ateliers menés — notamment en prison — par Alternatives to Violence aux rapports publiés chaque année par Amnesty International, en passant par l’action des aumôniers quakers dans tous les pays où ils existent.
Merci encore à vous deux, ainsi qu’à tous les courageux ayant fait le déplacement jusqu’à la Frat’, et rendez-vous le 17 mars pour notre prochaine rencontre !
Sophie est co-secrétaire du groupe quaker de Nantes
Assemblée quaker de Nantes 