Le groupe quaker de Nantes expérimente cette année un programme d’activités pour les enfants. Cet article explique les raisons et les modalités de cette expérimentation. Et chez vous, comment cela se passe-t-il ? Venez en discuter en commentaires !
« Maman, vous allez faire chut ? » Voilà la question que mon fils aîné, 4 ans, me posait dimanche dernier, alors que la famille se préparait pour la rencontre d’automne du groupe quaker de Nantes. La question m’a à la fois amusée et interpelée, comme le font si bien les questions des enfants de cet âge. Elle m’a mise au défi de trouver une réponse adéquate. L’affirmative s’imposait, bien sûr, mais que dire de plus ? Comment expliquer à un enfant de 4 ans le sens d’un culte quaker ? Comment lui expliquer ce que recèle le silence qui y règne, ce que nous y cherchons, et parfois y trouvons ? (Ce que, soit dit en passant, nous avons, nous adultes, souvent bien du mal à établir pour nous-mêmes, tant les raisons d’être quaker et le sens que nous accordons à nos pratiques partagées diffèrent…)
Le groupe de Nantes a la chance d’accueillir plusieurs familles, dont les enfants sont âgés de quelques semaines — bienvenue, Éléonore ! — à la fin de l’adolescence. Ceux-ci sont toujours les bienvenus à nos rencontres ; ils forment une joyeuse bande d’ami.es qui, je crois, ont beaucoup de plaisir à se retrouver chaque trimestre. Mais malgré notre souhait de les intégrer à nos activités, il faut bien admettre que, pour le moment, la compagnie des enfants fonctionne en parallèle de celle des adultes plutôt qu’elle n’en fait véritablement partie. Certes, ceux-ci nous rejoignent pendant le dernier quart d’heure de notre culte ; mais que comprennent-ils de ce moment, comment le vivent-ils ?
Un guide d’activités pour explorer la foi quaker
Le souhait a donc émergé, chez quelques familles du groupe, que nous proposions à nos enfants… quelque chose. Quelque chose qui leur permettrait de s’approprier petit à petit l’héritage quaker, tant d’un point de vue culturel que spirituel. Mais quoi ? Certaines assemblées annuelles, notamment aux États-Unis, mettent en place des « Écoles du dimanche » — ou plutôt, en langage quaker, du « premier jour » —, à la manière protestante. Difficile pour nous de l’envisager : la demi-douzaine d’enfants de notre groupe est d’âges trop divers pour que l’on puisse leur proposer des activités communes pendant le temps du culte. Et puis, ils ne se voient tous ensemble que quatre fois par an ; impossible, dans ces conditions, de les asseoir longtemps autour d’une table…
L’inspiration nous est venue d’un petit guide édité en 2012 par le Comité des Amis pour le scoutisme, sous l’égide du Comité mondial consultatif des Amis. Conçu pour les enfants membres d’une association de scoutisme, ce guide propose un ensemble d’activités à réaliser chez soi, accompagné d’un adulte, pour approfondir sa connaissance et sa pratique de la foi quaker. Eurêka. Adapté en français par nos soins, expurgé de ses activités spécifiquement liées au scoutisme, ce guide nous fournit désormais une base simple et que nous espérons féconde pour explorer avec nos enfants les richesses de la foi quaker. (Il peut vous être envoyé sur simple demande.)
Des activités à la maison, des moments de partage lors des rencontres du groupe
Voici donc le fonctionnement que les familles volontaires du groupe — au nombre de quatre, comptabilisant sept enfants et adolescents de 4 à 16 ans — entendent tester cette année :
- En amont de chaque rencontre trimestrielle, chaque famille choisira avec son ou ses enfants une ou deux activités du guide et les réalisera à la maison. Chaque enfant en gardera trace dans un journal, à la manière des premiers Amis.
- Au début de la rencontre, les enfants se rassembleront pour partager les travaux qu’ils ont réalisés et consignés dans leur journal ; un adulte les accompagnera pour animer un court temps d’échange — un quart d’heure maximum —, autour des productions de chacun.
- Les enfants pourront ensuite jouer, lire ou dessiner pendant environ une demi-heure.
- Ils rejoindront enfin les adultes pour le dernier quart d’heure du culte, comme ils y sont déjà habitués.
L’expérimentation ne sera pas sans embûches : temps toujours plus contraint des familles, manque de ressources en français adaptées aux enfants, possible (probable ?) défaut d’enthousiasme de ceux-ci pour certaines activités… Les défis seront nombreux à relever. Se posera en outre, pour quelques familles dont seul un des parents s’identifie comme quaker, la question du sens, et donc de l’acceptabilité de la démarche. S’agit-il d’éducation religieuse ? Une partie au moins des activités est-elle recevable dans une perspective laïque ? Il appartiendra à chaque famille de le décider. Rendez-vous dans un an pour le bilan !
Sophie est co-secrétaire du groupe de Nantes