En raison de la pandémie de Covid-19, la rencontre annuelle de la section de l’Europe et du Moyen-Orient du Comité consultatif mondial des Amis (FWCC-EMES), qui devait avoir lieu à Paris le premier week-end de mai, s’est déroulée intégralement en ligne. Notre Amie Sophie y a représenté les quakers en France, et nous en rapporte ces quelques impressions.
Le thème de la rencontre annuelle d’EMES faisait cette année référence au prophète Joël (2-28) : « Tenir compte de la prophétie de nos fils et de nos filles, oser rêver et avoir des visions ». La citation, qui m’a d’abord laissée perplexe, s’est éclairée quand j’ai ouvert les premiers documents de préparation envoyés par Michael Eccles, nouveau secrétaire exécutif de la section (Marisa Johnson ayant pris sa retraite après 12 ans à ce poste) : elle renvoyait aux cris d’alerte lancés par les jeunes gens du mouvement de grève scolaire Fridays for Future – Greta Thunberg en tête –, et des organisations qui ont émergé à sa suite, telles que Youth for Climate et Students for Climate.
Je dois avouer qu’il m’a d’abord semblé difficile de me concentrer sur ce thème en pleine pandémie de Covid-19 – une catastrophe à la fois, s’il vous plaît ! –, mais les intervenantes invitées à s’exprimer ont su jeter des ponts entre les deux événements sans désespérer leur auditoire. Lindsey Fielder Cook, notamment, qui travaille sur le thème du changement climatique au Bureau quaker auprès des Nations-Unies (QUNO), a souligné l’espoir que pouvait susciter la réaction des États confrontés à l’arrivée du virus fatal. Avec la Covid-19, l’enjeu de santé publique a requis des mesure fortes et immédiates ; or, le changement climatique est aussi un enjeu de santé publique ! Avec la Covid-19, les États ayant réagi le plus vite en appliquant le principe de précaution sont aussi ceux qui ont le mieux tiré leur épingle du jeu ; il y a là aussi une leçon à tirer relativement à la crise climatique !
La rencontre annuelle d’EMES est aussi l’occasion de régler les affaires courantes de la section – qui ont occupé deux de nos sessions Zoom –, et de faire état des travaux tant du bureau mondial du FWCC que des organisations quakers travaillant au niveau européen. Des représentants du QUNO, du Conseil quaker pour les affaires européennes (QCEA), des Jeunes quakers d’Europe et du Moyen-Orient (EMEYF) et du centre d’études quaker de Woodbrooke ont ainsi pris la parole pour présenter leurs travaux les plus marquants de l’année : écoles d’été à Genève, refonte de Willy & Penn (magazine en ligne des jeunes quakers européens), collecte de témoignages sur les conséquences de la Covid-19 sur le respect des droits humains, expérimentation de modalités de formation en ligne alternatives, pour n’en nommer que quelques-uns… Le nombre et la qualité de ces travaux sont impressionnants !
Ce qui m’a le plus manqué, évidemment, ce sont les rencontres : bien que nous ayons eu quelques moments d’échanges en petits comités — quelques pauses café à cinq ou six dans des « salles de pause » Zoom, plus une session de culte-partage (worship sharing) –, je n’ai pas eu l’occasion de discuter à bâtons rompus avec certaines personnes que j’avais pourtant déjà croisées dans d’autres contextes quakers (physiquement ou en ligne) – sans compter tous ceux que je ne connaissais pas du tout ! –, et je l’ai regretté. Espérons que la rencontre de l’an prochain, à la même période, pourra bien se tenir à Paris !
Sophie est co-secrétaire de l’Assemblée locale de Nantes et déléguée des quakers en France auprès d’EMES